Le Peuplier et l'agriculture
Le peuplier et l'agriculture se rencontrent de trois façons
- L'agroforesterie
- Le sylvopastoralisme et la culture intercalaire
- Les changements de nature de culture
Il faut bien distinguer le sylvopastoralisme (et la culture intercalaire) de l'agroforesterie, car leurs régimes réglementaires et fiscaux sont différents.
Le Peuplier en agroforesterie
La culture intercalaire, c'est à dire l'introduction d'une culture entre les lignes d'une plantation classique de peupleraie n'est pas de l'agroforesterie : reportez-vous au paragraphe concerné sur cette page.
En agroforesterie, la parcelle conserve sa vocation agricole (prairie avec animaux, ou culture) et des arbres sont introduits avec une densité maximale définie par la PAC. D’un point de vue fiscal, il n'y a donc pas d’exonération de TFNB, le peuplier est considéré comme une culture agricole dont le produit sera à déclarer.
La culture du peuplier dans ce contexte est donc particulière, et il s'agira d'être vigilant lors des façons agricoles pour éviter les dommages aux arbres (troncs, racines) qui pourraient nuire à leur état, à leur croissance ou à la qualité du bois et ainsi grever le bilan économique de l'opération.
L'essentiel en vidéo
Le guide "Le peuplier agroforestier : techniques et coûts de plantation"
Ce guide fait le point de manière complète et présente toutes les informations utiles.
Vous le trouverez auprès de l'Association Française d'Agroforesterie ou de nombreux organismes. En voici un aperçu fourni par Google.
Publié pour la premier fois en octobre 2019 et épuisé, le livre est réédité dans une deuxième version et intègre plusieurs mises à jour.
"Fruit d'une collaboration étroite entre l'Institut pour le Développement Forestier et l'Association Française d'Agroforesterie, ce guide synthétise les connaissances et savoirs-faire nécessaires à la plantation, la conduite et l'exploitation du peuplier en champ.
Le peuplier est une culture d’intérêt majeur pour l’agroforesterie en raison de sa vitesse de croissance comme de son ancrage historique dans les territoires. Il représente un choix judicieux pour les agriculteurs souhaitant diversifier leurs débouchés et (ré)intégrer les arbres dans leurs systèmes de culture ou d’élevage.
Les voies de valorisation de son bois sont très nombreuses (nota : les mêmes qu'en peupleraie classique) : emballage léger, panneaux (contreplaqué, OSB…), palettes, construction bois et bois énergie.
L’agroforesterie est par ailleurs une opportunité pour contribuer à combler l’actuel déficit de production en bois de peuplier et mobiliser le monde agricole afin d’augmenter les sources d’approvisionnement.
Hormis les enjeux économiques que cet arbre clé du paysage rural français représente pour nos campagnes, le peuplier agroforestier constitue également une ouverture vers des itinéraires de production plus éco-responsables. "
sylvo-pastoralisme et culture intercalaire
Dans ces deux cas de figure, la parcelle conserve son statut forestier, avec règlementation et fiscalité forestières.
L'objectif reste donc la forêt et il faut éviter tout risque de défrichement y compris involontaire (Cf. l'article L.341-1 du Code forestier).
Le sylvopastoralisme, correspond à l'introduction d'animaux sous le couvert forestier (ongulés en pâturage, volailles...).
La culture intercalaire consiste à inclure une culture agricole entre les lignes de plantation pendant les premières années de vie d'une peupleraie. Cette pratique n'est possible que si l’ensoleillement et la ressource en eau sont suffisants. Cette culture agricole a un rôle complémentaire et la parcelle reste bien à vocation forestière avec objectif de production de bois.
En mixant les usages, on optimise aussi l'utilisation des surfaces.
Accueillir des animaux sous peupleraie peut présenter de nombreux avantages aussi bien pour la peupleraie (maîtrise de la végétation, amendement organique...) que pour les animaux (ressource fourragère, abri...).
Il est impératif d'être rigoureux pour éviter tout risque de blessure aux arbres (troncs et racines) ou de tassement des sols qui pourrait compromettre de manière partielle ou totale l'avenir de la peupleraie. L'accueil des animaux et la circulation des engins doivent être organisés de manière à conserver la vocation forestière de la parcelle.
Le document "La populiculture ligérienne - Guide peuplier environnement paysage" contient un chapitre sur ce sujet.
Les atouts et risques varient selon les animaux accueillis.
Nous conseillons de bien mûrir le projet avant sa mise en place, et de vous informer auprès des organisations professionnelles forestières.
Les changements de nature de culture
Chaque année, des parcelles agricoles sont boisées en peuplier, tandis que des peupleraies sont coupées et retournent à l'agriculture ou sont même abandonnées. C'est l'ensemble, constitué des boisements, déboisements, reboisements, qui forme l'évolution de la surface totale des peupleraies.
Depuis une vingtaine d'années, les nouvelles surfaces boisées en peuplier ne compensent pas les peupleraies abandonnées ou qui retournent à l'agriculture.
Le boisement de terres agricoles en peuplier
Pourquoi boiser une ancienne terre agricole ?
La plupart des boisements de peupleraies ont lieu sur d'anciennes terres agricoles, à condition que le sol soit propice au Peuplier. Les principales raisons sont les suivantes : le propriétaire préfère valoriser différemment son terrain, ou l'exploitant part en retraite, ou la parcelle est insuffisemment rentable en utilisation agricole...
La mise en valeur de ces sols grâce au Peuplier permet au propriétaire d'envisager un futur revenu, et de produire une matière première naturelle locale et renouvelable.
Déclarez le changement de nature de culture au cadastre
Après une plantation forestière, le propriétaire doit informer l’administration fiscale du changement de nature de culture. Pour cela, dans un délai de 90 jours, il doit renseigner l’imprimé IL 6704 numéro Cerfa 105 17 02 afin que les services des impôts puissent procéder au changement de nature de culture et permettant ainsi la mise à jour des matrices cadastrales.
Cette déclaration du changement de nature de culture déclenchera le début de l'exonération de taxe foncière (les dix premières années pour le Peuplier).
L'abandon de peupleraies et le retour à l'agriculture
Il est rare que des peupleraies gérées depuis plusieurs cycles (récoltées, renouvellées, entretenues) retournent à un usage agricole. D'une part ces peupleraies sont situées en général sur des sols plus propices à la populiculture qu'à l'agriculture, d'autre part cela nécessite dans certains cas une demande préalable de défrichement. Attention, le défrichement est très encadré par la législation et parfois de manière complexe : renseignez-vous auprès de la DDT ou de professionnels.
Il est plus fréquent de voir, notamment dans certaines régions, des terrains cultivés accueillir un cycle de production de peuplier, et retourner à un usage agricole. Lorsque le boisement a été réalisé il y a moins de 30 ans et est de 1ère génération, le retour à l'état antérieur n'est pas considéré comme un défrichement.