Planter et entretenir
Planter des peupliers ne s'improvise pas. En tout cas, pas si l'on veut espérer obtenir du bois de qualité et donc un bilan économique positif et intéressant.
Une fois que l'on a réalisé le diagnostic et choisi les cultivars et que l'on a commandé les plants et organisé la plantation, c'est le moment de passer à l'action dans les meilleures conditions possibles.
1) La plantation des peupliers : matériel et méthode
Prévoir la protection des plançons
Les filets de protection contre les chevreuils semblent maintenant impératifs partout en France.
Il faudra les enlever dès que les peupliers auront atteint le diamètre où ils ne sont plus sensibles aux dégâts de chevreuil, c'est à dire environ 3 ans après la plantation. C'est souvent le moment du premier élagage à 3.50 m, les deux opérations peuvent donc être couplées.
Des solutions de protections biodégradables commencent à être identifiées, il reste à vérifier qu'elles offrent une bonne protection le temps nécessaire et surtout en zone inondable, et analyser quel est leur surcoût.
Avec quel matériel planter les peupliers ?
Le matériel de plantation doit être en adéquation avec la nature du sol ET avec le travail préparatoire du sol qui a pu être réalisé.
De manière générale :
- Les mèches sans ailettes doivent être réservées aux sols meubles et légers (bien préparés, ou à tendance tourbeuse).
- Sur sol argileux ou limoneux, la combinaison du travail préparatoire du sol et d'un matériel à ailette donne d'excellents résultats.
- Les mèches et dents avec des ailettes permettent un travail du sol local, et facilitent le calage du plant.
Le trou doit permettre d'enfoncer le plançon à au moins 1 mètre de profondeur. Cela permettra au plançon de développer son système racinaire sur cette longueur ce qui facilitera l'accès à l'eau et limitera les mouvements du jeune plant (surtout s'il est bien calé, cf. ci-après).
Tutoriel matériel de plantation.
La qualité des plants à la livraison et à la plantation
La réception des plants est une étape importante. Ne pas y assister implique une acceptation de la livraison.
Au moment de la réception des plants, il faut s'assurer
- de leur conformité par rapport à la commande : nombre, cultivar, catégorie ;
- et de leur qualité : rectitude, présence du bourgeon terminal, bon niveau d'hydratation, bon état sanitaire.
Ils ne doivent pas non plus être en train de débourrer : si les feuilles sont en train de sortir, la reprise est compromise et il est généralement trop tard pour planter.
Une fois livrés, les plançons doivent être plantés dans la journée ou mis en jauge (base des plants dans l'eau). Dans le cas contraire, leur reprise est compromise et la mortalité après plantation peut devenir élevée jusqu'à rencontrer l'échec total. Durant la journée de plantation, il faut éviter le soleil et le vent aux plançons encore non plantés.
Tutoriel sur la qualité des plants
Le calage du plançon
Le calage du plançon est trop souvent négligé, alors que cette erreur est la première cause d'échec de plantation. Le calage doit donc être réalisé dans les règles de l'art. Un tutoriel vidéo lui est entièrement consacré.
Une fois planté, le plançon de peuplier ne doit plus pouvoir bouger dans son trou, et toute sa longueur enterrée doit être au contact de la terre : c'est une des conditions pour qu'il puisse émettre des racines et démarrer sa croissance.
Les erreurs de calage et leurs conséquences
Dans le cas d'un plançon mal calé :
- des poches d'air peuvent empêcher l'émission de racines,
- les mouvements du plant dans le trou, notamment dûs au vent, peuvent casser les jeunes racines.
Au mieux la reprise des peupliers se fait de manière difficile avec une certaine mortalité, au pire la plantation est un échec.
Les principales erreurs qui aboutissent à un mauvais calage sont :
- un sol non préparé ou mal ameubli,
- un tassement insuffisant après plantation.
En facteurs aggravants, on peut citer les parois de trous lissées (matériel non adapté sur sol à tendance argileuse ou limoneuse, mauvaise période de réalisation) et une profondeur insuffisante de plantation.
Conseils pour un bon calage des plançons de Peuplier
Le calage est facilité par un terrain ameubli, d'où l'importance d'une bonne préparation du terrain réalisée au moment approprié et d'un matériel de plantation adéquat. Le tassement au pied par le planteur s'effectue alors facilement et efficacement, de même pour les tassements mécaniques que l'on trouve sur certaines machines à planter. Le calage est plus facile sur sol à dominante sableuse. Le plançon doit être planté à au-moins 1 m de profondeur, mais il est préférable de descendre à 1.20 m ou plus.
La base du plançon coupée en biseau facilite la plantation en profondeur et limite les mouvements de rotation du plant en cas de vent.
Lorsque le plançon de Peuplier est bien calé, les jeunes racines peuvent alors croître rapidement et alimenter la tige pour sa croissance. Le démarrage de la végétation du jeune peuplier se fait alors dans des conditions optimales. De plus, le développement de la peupleraie sera plus homogène ce qui sera un des critères positifs lors de la mise en marché.
2) La taille et l'élagage des peupliers
Ces opérations sont indispensables pour obtenir du bois de qualité. Sans elles, le revenu sera moindre et le bilan économique sera peu encourageant voire négatif. Les peupliers de mauvaise qualité trouvent moins facilement des acquéreurs.
(Regardez les tutoriels sur la taille et l'élagage des peupliers et sur la relation entre la qualité des bois et leur commercialisation)
Au contraire, les peupliers avec une bonne qualité de bois trouveront facilement preneur et seront mieux valorisés lors de leur vente. Plus d'information à la rubrique Vendre ses bois.
La taille de formation des peupliers vise à leur donner une forme rectiligne selon un axe central bien identifié, tandis que l'élagage permet d'obtenir un bois sans noeuds. Les deux types d'opérations sont nécessaires.
Selon les cultivars et la fertilité de la station, le suivi devra être plus ou moins étroit. Dans tous les cas, ces opérations doivent être réalisées correctement, commencer dès l'année de plantation, et être terminées quelques années seulement après la plantation.
Lorsque le diamètre atteint une quinzaine de centimètres, (toujours à 1.30 m du sol), l'élagage à 7 mètres doit être terminé : c'est à dire entre la 4ème et 7ème année de végétation selon les cultivars, les sols, et les régions.
Dès l'année de la plantation, au début de la feuillaison, on peut commencer par un épamprage (selon le type de plançon et lorsqu'ils sont vigoureux).
Puis les tailles et élagages s'enchaînent assez rapidement. Dans les cas où la croissance est rapide, il est indispensable d'être vigilant car les opérations peuvent être à 1 an près, voire à 6 mois près dans certains cas : il est préférable d'arriver à ne pas devoir couper de branches trop grosses. En effet, la coupe des grosses branches doit être évitée autant que possible pour ne pas risquer d'amoindrir la future qualité des bois.
Cet investissement est indispensable pour obtenir la qualité de bois la plus recherchée.
La somme de travail à réaliser est relativement similaire pour les cultivars à croissance rapide et ceux à croissance plus lente. Par contre, pour les cultivars à croissance rapide, ce travail est plus concentré dans les premières années qui suivent la plantation.
Regardez les tutoriels sur la taille et l'élagage des peupliers et sur la relation entre la qualité des bois et leur commercialisation.
3) Gérer la végétation : l'entretien du sol
La gestion de la végétation, dès la plantation puis pendant plusieurs années, est nécessaire mais doit être réalisée de manière adaptée aux conditions locales. Cela se prévoit dès la réalisation du diagnostic initial (étape "choix du cultivar").
Tutoriels sur la maîtrise de la végétation
Comment prévoir les entretiens dans la peupleraie ?
Les travaux de maîtrise de la végétation varient entre deux situations :
- Lorsque la disponibilité en eau est faible en période de végétation, la végétation (et notamment les herbacées) devient concurrente des peupliers : sa maîtrise peut s'avérer impérative pour éviter les difficultés de reprise voire la mortalité des jeunes peupliers, et pour conserver des conditions de croissance optimale de la peupleraie.
Les entretiens consistent en un travail du sol, et dans certains cas ils sont nécessaires chaque année. Pour un effet optimal, ils devront être réalisés dès le début du printemps et dès que la portance du sol le permet.
Par voie de conséquence, la pénétrabilité de la parcelle est également assurée. - Lorsque les conditions d'alimentation en eau sont bonnes en permanence, la végétation doit être maîtrisée dans le but de faciliter les travaux nécessaires (taille, élagage, suivi, vente). Ils peuvent ainsi se cantonner l'entretien d'une interligne sur deux, les premières années puis au moment où l'on commence à envisager la récolte. Dans ce cas, la période de réalisation des entretiens est secondaire tant que le sol est portant : les réaliser en fin d'été est favorable au développement de la faune et de la flore, et cette période devra être privilégiée dans le cas de parcelle à fort enjeu environnemental.
Quel matériel employer pour maîtriser la végétation ?
Le matériel à privilégier dépend de l'objectif :
- Lorsqu'il faut maîtriser la végétation pour éviter qu'elle ne concurrence les peupliers au niveau de l'alimentation en eau, c'est le cover-crop qui doit être privilégié. Le fauchage ou le gyrobroyage ne sont pas efficaces dans ce cas de figure.
- Lorsque il s'agit simplement d'assurer la pénétration dans la parcelle (bonne disponibilité en eau), on peut par exemple faucher ou gyrobroyer.
Dans tous les cas, le passage des engins doit se faire dans le respect du sol et des peupliers. L'écorce des peupliers est fragile, et chaque blessure nuit à la survie de l'arbre et à la qualité du bois. Un très bon alignement des peupliers limite le risque de blessure.