Le Peuplier et l'eau
Le peuplier est-il un gros consommateur d'eau ?
Le peuplier a cette image qui lui colle à la peau.. ou à l'écorce ! Pourtant, comme les autres arbres, et même comme toutes les plantes, le Peuplier n'est pas auto-destructeur au point d'assécher le sol de son milieu naturel : il utilise seulement l'eau nécessaire à sa vie.
Comme le frêne, le peuplier est une essence mésohygrophile, adaptée aux milieux bien alimentés en eau, et supportant mal le stress hydrique. En cas de manque d'eau, les peupliers réduisent fortement leur croissance... ils meurent si le stress hydrique est récurrent ou prolongé.
Au cours des ans, la consommation en eau de nombreux milieux a été mesurée. Les résultats sont édifiants : les peupleraies ne consomment pas plus d'eau que les prairies ou d'autres formations forestières. Vous trouverez les références dans la vidéo ci-dessous et dans la bibliothèque de ce site (rubrique environnement).
Couper des peupleraies au motif de préserver l'eau, c'est donc agir en toute méconnaissance... et favoriser le plastique en créant un manque de bois.
Les études scientifiques relatives à ce constat sont dans la bibliothèque technique avec le tag "eau".
Pour faciliter leur identification, le CNP a publié une fiche de synthèse de ces études que vous pouvez télécharger en cliquant sur l'image ci-dessous.
Les peupleraies sont adaptées aux milieux à bonne disponibilité hydrique
Est-il vrai, comme on l'entend parfois, que le Peuplier assèche les sols, ou que couper une peupleraie libère de l'eau ? Le Peuplier est comme les autres arbres et végétaux, il utilise seulement l'eau disponible pour faire fonctionner sa photosynthèse et vivre, et il ne peut pas assécher un sol.
Face au stress hydrique (manque d'eau), les plantes ont mis en place de nombreuses stratégies différentes :
- Adaptation aux conditions de milieu : ceci va des plantes adaptées aux conditions de sécheresse extrême par divers moyens, jusqu'à celles qui nécessitent une humidité permanente ;
- Adaptation aux variations de l'alimentation dans le milieu : il s'agit là des mécanismes d'adaptation aux variations quotidiennes et saisonnières.
Le Peuplier, comme de nombreux saules ou le frêne par exemple, est adapté aux milieux bien alimentés en eau.
En cas de stress hydrique (par exemple sécheresse estivale), il réduit fortement sa croissance. Si ce manque d'eau est fréquent ou trop prolongé, le Peuplier (comme le frêne) meurt faute de pouvoir s'alimenter.
Inversement, les peupliers supportent mal un excès d'eau pendant leur période de végétation. Des peupleraies peuvent être détruites si le niveau d'eau est excessivement élevé pendant leur période de végétation.
Les Peupliers peuvent mourir suite à la concurrence d'autre végétaux
Les Peupliers ne gênent pas les autres végétaux par pompage d'eau, et c'est même souvent l'inverse !
La végétation herbacée peut notamment avoir une influence très marquée : en formant rapidement des colonies au réseau racinaire dense, elle capte rapidement l'eau disponible. Sur certaines stations où la disponibilité en eau est limitée, le tapis herbacé cause la mortalité des jeunes peupliers lorsqu'il n'est pas maîtrisé, et peut très fortement ralentir la croissance des peupliers adultes.
Lors de leur première saison de développement, les jeunes plants doivent mettre en place leur système racinaire tout en commençant à se développer. Pendant cette période, ils sont donc très sensibles à un éventuel manque d'eau.
Un facilitateur d'épuration des eaux
Le peuplier a un rôle très positif sur l'épuration des eaux, au-delà de bien d'autres essences. Comment cela se fait-il ?
Le système racinaire du Peuplier produit des exsudats carbonés au niveau des racines, substances indispensables à la vie de la microflore. Il héberge ainsi une riche microflore bactérienne qui a une fonction épuratrice.
Le Peuplier a donc un rôle épurateur indirect, conséquence de la microfaune bactérienne épuratrice qu'il héberge grâce à son système racinaire.
Les peupleraies ont une capacité de captation d'azote dans les nappes, environ 20 fois supérieure à celle de prairies pâturées. Cf. thèse de Charles Ruffinoni disponible dans la bibliothèque technique sur ce site.
Le Peuplier et les berges
On entend souvent dire que les Peupliers cultivés ont un système racinaire traçant et sont donc dommageables pour les berges.
Deux études montrent que la réalité est bien différente.
Le système racinaire effectivement traçant du I 214 a été abusivement appliqué à tous les cultivars. Les deux études montrent que sur les cultivars étudiés seul le I 214 a un système racinaire traçant, alors que les autres cultivars ont des systèmes racinaires obliques ou pivotants avec en conséquence de bonnes propriétés de maintien des berges et de résistance à l’arrachement en cas de vent fort.
Vous trouverez toutes les informations sur les systèmes racinaires des peupliers sur cette page.
Plus d'informations
Vous pouvez consulter le livre "Les Forêts Riveraines des cours d'eau. Ecologie, fonctions et gestion", coécrit par Piegay, Pautou et Ruffinoni, et édité par l'IDF.