Peupliers de France

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Le Peuplier et l'environnement

Conseils aux populiculteurs

Produire du bois de peuplier en respectant les enjeux environnementaux est à la fois possible et recommandé.

De manière générale, l'attention doit être portée sur les points suivants :

  • Planter à au moins 5 m des berges, et tenir compte des règles ou recommandations locales en la matière.
  • Respecter la ripisylve si elle existe, la favoriser si possible.
  • Respecter le sol, qui est à la fois un support de vie et qui constitue un "capital", notamment en veillant à récolter les bois sur terrain sec ou ressuyé.
  • La gestion de la végétation concurrente
    • doit correspondre à une nécessité : accès, croissance des arbres
    • doit éviter les travaux inutiles, qui grèvent le budget et peuvent de surcroît être négatifs pour l'environnement.

Vous retrouverez ces indications expliquées en pratique dans les tutoriels vidéo sur ce site et dans des documents techniques.

Rapprochez-vous des conseillers indépendants, des gestionnaires, des organisations professionnelles, et renseignez-vous sur les guides de bonnes pratiques ou chartes populi-environnementales locales. Sur ce site, vous trouverez les adresses dans l'annuaire Peuplier, et des documents utiles dans les menus "Régions" et dans la bibliothèque technique.

Surface des peupleraies, une ressource locale

Une surface en baisse

On entend encore souvent que l'on plante de plus en plus de Peuplier, et pourtant... la peupleraie française a atteint son maximum dans les années 1980 : cela fait donc environ 40 ans que cette idée est fausse.

En réalité, la surface populicole française diminue depuis la fin des années 1990 : après avoir atteint son maximum de 240000 ha, elle est estimée à environ 200000 ha en 2018, et 194000 ha fin 2022. Plus d'infos sur les surfaces en France et dans le monde.

Néanmoins, la France reste le premier producteur européen de bois de Peuplier et cette essence constitue une véritable ressource locale.
De nombreuses actions visent à stabiliser la surface de la peupleraie française pour aboutir à un niveau en adéquation avec les besoins des générations futures (ressource naturelle, locale, renouvelable et durable).

A noter : chaque année,
- certaines parcelles agricoles sont boisées en peuplier,
- des peupleraies sont coupées et leur terrain utilisé pour la culture
- des peupleraies sont coupées et abandonnées
- des peupleraies sont récoltées et reboisées en peuplier.
C'est l'ensemble, constitué des boisements, déboisements, abandons, reboisements, qui forme l'évolution de la surface totale des peupleraies.

Une production forestière forte : un important puit de carbone

Avec 194 000 ha (estimation CNP 2023), le Peuplier représente moins de 2% de la forêt feuillue française.  Mais la peupleraie française produit chaque année 25 % du bois d'oeuvre feuillu français : le peuplier est ainsi en seconde position, juste après le chêne.

Les peupleraies présentent des croissances importantes, et captent ainsi une grande quantité de gaz carbonique (CO2).  Une peupleraie sera adulte et son bois récoltable, en moyenne en 15 à 20 ans selon les régions.
Chaque hectare de peupleraie capte en moyenne 14 tonnes de CO2 par an, et même 18 t/ha/an en comptant la totalité du bois (tronc, branches, racines).

Le CNP publie régulièrement un résumé des principaux chiffres, regardez dans la bibliothèque de ce site.

Chacun sa place

Comme de nombreuses espèces de plantes, le Peuplier n'a pas vocation à être partout. Ses besoins doivent être respectés, avec une alimentation en eau suffisante... mais sans trop d'eau non plus. Nous pensons qu'il y a de la place pour tout le monde : espaces agricoles, forêts, peupleraies, prairies humides, aulnaies, marécages, ripisylves... et qu'il est contre-productif de chercher à étendre outre mesure un usage au détriment des autres.

A consulter : la page Peuplier et agriculture

Des atouts environnementaux méconnus

Peupleraies et biodiversité : une grande variabilité

La biodiversité rencontrée dans les peupleraies est variable. Elle est fonction de la richesse du milieu, du niveau d'intervention en travail du sol au cours de la vie de la peupleraie, et de la dynamique d'ouverture /fermeture du couvert sur un pas de temps court (moins de 20 ans).
Ainsi, si une biodiversité courante peut exister dans nombres de peupleraies, il existe aussi de nombreuses peupleraies où prospèrent des espèces variées, anciennes, voire protégées. On y trouve des mégaphorbiaies, des espèces comme la fritillaire pintade ou d’autres plantes rares. Certaines peupleraies hébergent des héronnières, d’autres dont la strate arbustive est développée accueillent une faune particulière. Les conseils et nombreux guides techniques réalisés par les professionnels intègrent pleinement la dimension environnementale.

Une réelle biodiversité s'y rencontre, oscillant entre les espèces des milieux ouverts et les espèces de milieux semi-ouverts en fonction du stade de croissance de la peupleraie.
Et cette variabilité est encore accrue, car les parcelles de peuplier sont souvent de faible superficie et avec une forte mosaïque spatio-temporelle de stades de développement.

Une mosaïque de milieux

Les territoires alluviaux ont généralement un parcellaire très morcelé, avec des parcelles de peuplier de petites surface. La diversité des propriétaires, des modes de gestion et la non synchronisation des gestions qui en résultent se traduit une mosaïque de milieux ouverts et semi-ouverts. Cette structuration du terrritoire favorise en elle-même la biodiversité à l'échelle plus globale.

Un facilitateur d'épuration des eaux

Le peuplier a un rôle très positif sur l'épuration des eaux, au-delà de bien d'autres essences. Comment cela se fait-il ?

Le système racinaire du Peuplier produit des exsudats carbonés au niveau des racines, substances indispensables à la vie de la microflore. Il héberge ainsi une riche microflore bactérienne qui a une fonction épuratrice.

Le Peuplier a donc un rôle épurateur indirect, conséquence de la microfaune bactérienne épuratrice qu'il héberge grâce à son système racinaire.

Un impact positif sur la consommation de plastique et les émissions de carbone

Le bois de Peuplier a des caractéristiques très spécifiques : léger, souple et robuste à la fois, facile et économique à transformer, c'est le seul bois disponible ici en abondance qui peut être utilisé en emballage léger.
Les cagettes, barquettes, paniers, boites de fromages, caisses à fromage, bourriches à huitres etc. sont des emballages constitués en Peuplier. De la même façon, les contreplaqués en Peuplier sont robustes et légers, ce qui leur permet d'être utilisé préférentiellement en aménagement de véhicule ou aménagement intérieur. 
Plus d'informations

L'utilisation du Peuplier permet de remplacer avantageusement de nombreux produits plastiques par un matériau naturel, renouvelable et sain. Matière première locale, son utilisation permet de réduire fortement l'empreinte carbone par rapport à d'autres matériaux. De plus, les peupleraies françaises captent au moins 14 t/ha/an de CO2.
Plus d'informations dans la plaquette peuplier et dans la médiathèque de ce site.

Ci-dessous : résultats d'analyse de cycle de vie (ACV) de plateaux à pommes en bois, carton, plastique, réalisée par l'ADEME.
ACV Analyse de cycle de vie de plateaux à pommes en bois carton plastique ADEME

Un système racinaire pouvant être profond

Le développement du système racinaire dépend de deux facteurs : la génétique, et le sol.

La génétique détermine la forme du système racinaire

On croit souvent que le peuplier a un système racinaire superficiel et traçant. C'était en partie vrai à l'époque où l'on plantait beaucoup de I214.

En effet, une étude complexe publiée en 2004 montre que d'autres cultivars ont un système racinaire bien différent, qui peut être pivotant à oblique (références dans la bibliothèque technique).
Ainsi, on sait par exemple que I214 et Beaupré ont un système traçant (ces deux cultivars ne sont plus plantés), alors que Raspalje est mixte (traçant et oblique), et Dorskamp oblique à pivotant.

Une étude publiée 2023 confirme ces résultats, et analyse également le système racinaire du Koster qui semble se révéler comme oblique.

Le sol détermine la profondeur et la densité de l'enracinement

Ainsi la présence d'une contrainte au développement racinaire, comme par exemple la présence d'une nappe, limitera la profondeur de l'enracinement au niveau de présence de cette nappe. De même, les sols sableux facilitent grandement la prospection racinaire, alors que les sols argileux la ralentissent.

Conclusion

Dans le passé, le I 214 a représenté une part importante des plantations (en 2021/2022 il représentait moins de 1.5% des plants vendus). Son système racinaire effectivement traçant a été abusivement appliqué à tous les cultivars. Les deux études montrent en réalité que sur les cultivars étudiés seul le I 214 a un système racinaire traçant, alors que les autres cultivars ont des systèmes racinaires obliques ou pivotants avec en conséquence de bonnes propriétés de maintien des berges et de résistance à l’arrachement en cas de vent fort.

Des intrants rares et faibles

Par méconnaissance, les plantations de peuplier sont parfois associées aux cultures agricoles.

Les peupleraies font parties des forêts gérées, et dans la majorité des cas elles ne font l'objet d'aucun traitement phytosanitaire ni apport d'engrais.

Dans quelques rares situations, il est nécessaire de désherber juste après la plantation : dans ce cas, seul le pourtour des plants est concerné et on aura alors traité 2% de la surface totale et seulement une fois en 18 ans.  C'est très peu, surtout comparé à d'autres usages du sol.
Toutefois, malgré la rareté et la faiblesse de ces impacts, des essais sont en cours de réalisation pour tester des méthodes alternatives.

Exceptionnellement, un traitement insecticide ou fongicide peut s'avérer nécessaire ; un diagnostic préalable est alors recommandé, afin de réserver ce traitement au strict nécessaire (risque pour la survie d'un peuplement d'avenir, pas d'alternative...). Le cas est donc très rare lui aussi.
 

Paysage

Peupleraie en bode de Loire, Centre Val de LoireLe peuplier est une essence naturellement présente sur les bords de nos cours d’eau, et ces paysages ont été façonnés par l’homme : cultures agricoles, prairies, peupleraies, forêts, habitats, châteaux…  Bien des peintres (comme Van Gogh, Monet, Cézanne) ont représenté des peupliers en tant que sujet principal.

Il est important de savoir prendre en compte, dans la réflexion paysagère, les apports de ces milieux sur le plan environnemental, social et économique et pour l'identité du territoire, en allant au-delà des dogmes et idées reçues.

En effet, naturel ou cultivé, le Peuplier constitue un élément essentiel de l’identité visuelle de nombreux territoires proches des fleuves et cours d'eau.
Certains territoires, après avoir lutté pendant des décennies contre le Peuplier, s'aperçoivent bien tardivement du rôle considérable et positif qu'il joue dans leur identité, sur les plans du paysage et de l'économie locale. Il faudra alors de nombreuses années d'incitation à planter et replanter du Peuplier, pour reconstituer les peupleraies perdues et ainsi réparer les dégâts commis.

Par ailleurs, des retours d'expérience récents montrent qu’une plantation de peupliers, élaguée pour obtenir un bois de qualité, permet de disposer d’une vue traversante tout en bénéficiant d’un espace boisé.

Comme évoqué ci-dessus, les peupleraies forment souvent des structures paysagères en mosaïque, avec une diversité appréciable par les promeneurs.

Où se font les boisements en Peuplier ?

La plupart des boisements de peupleraies ont lieu sur d'anciennes terres agricoles, à condition que le sol soit propice au Peuplier. Les principales raisons sont les suivantes : le propriétaire préfère valoriser différemment son terrain, ou l'exploitant part en retraite, ou la parcelle est insuffisamment rentable en utilisation agricole...

La mise en valeur de ces sols grâce au Peuplier permet au propriétaire d'envisager un futur revenu, et de produire une matière première naturelle locale et renouvelable.

Vous en verrez quelques exemples dans le tutoriel relatif au boisement.

Depuis une vingtaine d'années, les nouvelles surfaces boisées en peuplier ne compensent pas les peupleraies abandonnées ou qui retournent à l'agriculture.

Plus d'informations : page consacrée au peuplier et à l'agriculture

Le saviez-vous ?

  • Une peupleraie ne consomme pas plus d’eau qu’une prairie ou qu’une forêt de chêne. Références dans les brochures environnement et dans la bibliothèque technique.
  • Le peuplier n’a pas de rôle eutrophisant ni acidifiant : son influence est similaire à celle des autres essences de ripisylves feuillues.
  • Son pollen n’est pas allergisant. Le risque potentiel est classé au plus bas niveau : "faible à négligeable" - source : RNSA.
  • On confond souvent le pollen avec le “coton” (issu des fleurs femelles), pas du tout allergisant mais que l’on voit voler au moment où les pollens de graminées sont nombreux. Plus d'informations sur la page "Le Peuplier".
  • La surface de la peupleraie française se réduit depuis plus de 20 ans.
  • Préserver notre ressource est indispensable pour éviter d’accroître l’utilisation de matériaux d’origine fossile, énergivores ou polluants. Voyez la rubrique sur les utilisations de son bois.

En video : le peuplier et l'environnement