Le Peuplier
De nombreuses especes de peuplier
Lorsque l'on dit "Le Peuplier", on devrait dire "Les Peupliers". En effet, le genre "Populus" contient 37 espèces dans le monde (Europe, Asie, Amérique du Nord...).
Parmi les espèces spontanées en France, on connaît surtout le Peuplier blanc (Populus alba), le Tremble (Populus tremula), et le Peuplier noir (Populus nigra) parfois cité de manière emblématique.
Ces espèces spontanées sont présentes le plus souvent dans les zones alluviales, dont les ripisylves, en cortège avec des saules par exemple.
Comme on le verra ci-après, les peupliers cultivés sont principalement constitués d'hybrides des différentes espèces de Peuplier que l'on trouve dans le monde.
Le Peuplier noir et le Peuplier d'Italie
Le Peuplier noir est présent naturellement le long des fleuves et rivières français soit sous-forme d'individus disséminés, soit de peuplements relictuels. Il est également commercialisé sous forme de six variétés multiclonales.
Le Peuplier d'Italie (Populus nigra italica) est une variété sélectionnée de Peuplier noir. Il a été largement diffusé et utilisé en ornement ou brise-vent en France depuis 1750.
Il a été démontré que le Peuplier d'Italie, qui est un peuplier mâle à forte densité de pollinisation, s'est largement hybridé depuis plus de deux siècles avec les peupliers noirs naturels.
Le bois de ces peupliers ne présente normalement pas les qualités recquises pour sa valorisation par déroulage. Plus d'informations.
Pollen et graines : pas d'allergies
Les Peupliers sont dioïques, c'est à dire qu'il y a des arbres qui portent les fleurs mâles et des arbres qui portent les fleurs femelles.
Le pollen (issu des arbres mâles)
Le pollen de Peuplier a peu ou pas d'impact sur les allergies : le réseau national de surveillance aérobiologique classe en effet le pollen de Peuplier avec un potentiel allergisant "faible ou négligeable" c'est à dire le plus faible niveau.
Les graines (issues des arbres femelles) : coton de peuplier
Les graines de Peuplier ont un aspect cotonneux : elles sont minuscules et entourées de nombreux filaments blanc. L'ensemble est très léger, ce qui permet une meilleure dissémination des graines par le vent (graines anémochores). Le "coton" de Peuplier est plus ou moins gros et plus ou moins abondant, selon les variétés.
Ces "cotons" n'ont aucun effet allergène.
En début de printemps, et s'ils sont très abondants, ils peuvent parfois produire une gêne pour des bovins dans des pâtures proches, pour des cultures maraîchères à proximité, ou pour des habitations voisines. On conseille donc de privilégier la plantation de peupliers mâles dans les zones proches d'activités humaines.
Le peuplier et l'eau
Adapté aux milieux à bonne disponibilité hydrique
Le Peuplier ne peut pas assécher un sol : comme les autres arbres et végétaux, il utilise seulement l'eau disponible pour faire fonctionner sa photosynthèse et vivre.
Face au stress hydrique (manque d'eau), les plantes ont mis en place de nombreuses stratégies différentes :
- Adaptation aux conditions de milieu : ceci va des plantes adaptées aux conditions de sécheresse extrême par divers moyens, jusqu'à celles qui nécessitent une humidité permanente ;
- Adaptation aux variations de l'alimentation dans le milieu : il s'agit là des mécanismes d'adaptation aux variations quotidiennes et saisonnières.
Le Peuplier, comme de nombreux saules ou le frêne par exemple, est adapté aux milieux bien alimentés en eau.
En cas de stress hydrique (par exemple sécheresse estivale), il réduit fortement sa croissance. Si ce manque d'eau est fréquent ou trop prolongé, le Peuplier (comme le frêne) meurt faute de pouvoir s'alimenter.
La sensibilité particulière des jeunes plants de Peuplier
La première année, les jeunes plants doivent mettre en place leur système racinaire tout en commençant à se développer. Pendant cette période, ils sont donc très sensibles à un éventuel manque d'eau.
Les Peupliers peuvent mourir suite à la concurrence d'autre végétaux
Les Peupliers ne gênent pas les autres végétaux par pompage d'eau, et c'est même souvent l'inverse !
La végétation herbacée peut notamment avoir une influence très marquée : en formant rapidement des colonies au réseau racinaire dense, elle capte rapidement l'eau disponible. Sur certaines stations où la disponibilité en eau est limitée, le tapis herbacé cause la mortalité des jeunes peupliers lorsqu'il n'est pas maîtrisé, et peut très fortement ralentir la croissance des peupliers adultes.
Plus d'informations sur la page le peuplier et l'eau.
Les peupliers cultivés
Pourquoi parle-t-on de cultivars ?
Certaines variétés peuvent être cultivées à vocation ornementale. C'est notamment le cas du Peuplier d'Italie.
Mais lorsque l'on parle des variétés cultivées, on pense surtout aux peupliers qui sont utilisés pour la production de bois. On les nomme "cultivars" pour "variétés cultivées". Les cultivars sont principalement des hybrides entre différentes espèces, sélectionnés notamment pour leur tolérance sanitaire, leur croissance et la qualité de leur bois. Lorsqu'un de ces arbres hybrides présente de bonnes caractéristiques, il est alors reproduit par multiplication végétative (bouturage).
Les cultivars ont chacun un nom sous lequel ils sont commercialisés. Par exemple, les cultivars Koster, Diva, Tucano, I45-51, Vesten... font partie des cultivars les plus plantés actuellement.
Un travail de sélection passionnant, long et rigoureux
L'obtention de nouveaux cultivars est un travail long, en moyenne une vingtaine d'années, qui nécessite un strict suivi, une attention rigoureuse, et un savoir faire certain.
De manière générale, la sélection se fait principalement sur les critères de croissance, de rectitude, de forme, de tolérance aux maladies. Ces dernières années, les critères de tolérance à la sécheresse et de qualité des bois rentrent aussi en compte.
Du croisement jusqu'au début de commercialisation
Les obtenteurs sélectionnent dans un premier temps les arbres parents (des mâles et des femelles) selon des critères potentiellement héritables comme la tolérance aux maladies, les capacités de croissance, et la forme (rectitude et branchaison).
Après le croisement, puis la germination des graines obtenues, on se retrouve avec des milliers de petits plants issus des deux parents et qui constituent une famille. Le long travail de sélection commence alors, jusqu'à n'en conserver que quelques dizaines qui paraissent prometteurs. Ceux-là seront à leur tour sélectionnés selon les qualités et défauts qui apparaitront au fil des années, et on peut espérer alors obtenir une poignée de bons candidats.
Ces quelques arbres issus de ce premier travail de sélection vont alors recevoir un nom et être multipliés par bouturage, pour être testés en groupe dans différents endroits en France. Ils seront alors chaque année minutieusement examinés et mesurés, et leur comportement sur le terrain sera étudié.
Si les résultats sont bons, ils pourront alors recevoir l'homologation qui permettra leur commercialisation.
Les cultivars subventionnables : gestion de la qualité des cultivars
Tous les deux ans, les cultivars disponibles sont examinés selon les meilleures connaissances du moment, et l'Etat français produit la Liste des cultivars éligibles aux aides de l'Etat, que l'on surnomme aussi liste régionalisée.
Le nom parle de lui-même, mais la portée de la liste va au-delà des aides de l'Etat puisque les autres dispositifs d'aide s'y réfèrent également. Vous avez accès à cette liste à partir de la bibliothèque de ce site.
Les nouveaux cultivars qui apparaissent sans risque sanitaire et prometteurs à l'issue d'essais rigoureux sur le terrain peuvent intégrer la liste régionalisée.
Inversement, les cultivars qui révèlent finalement des faiblesses excessives sont sortis de cette liste : c'est par exemple le cas du I214, un des meilleurs cultivars pour son bois très blanc et léger, mais qui s'est révélé trop sensible aux attaques de puceron lanigère.
On conseille de planter seulement les cultivars qui figurent sur cette liste, car les autres cultivars commercialisables sont considérés comme à risque élevé. De plus, seules les parcelles plantées avec des cultivars figurant sur la liste régionalisée au moment de la plantation pourraient bénéficier des aides éventuellement mises en place suite à des catastrophes naturelles.